Responsable de nombreuses pathologies, dont la maladie de Lyme, les tiques sont très actives au sortir de l’hiver. Avec la fin du confinement, les Français retrouvent les joies des sorties nature. En cas de piqûre, vous pouvez vous signaler sur une application et aider la recherche.

Un article inspiré de celui-ci, publié sur France Inter.

Quelle joie d’avoir retrouvé la traversée des champs, la balade en forêt ou sur les chemins. Mais avez-vous pensé à vérifier en rentrant que vous n’aviez pas été piqué par une tique ?

Indolore, la piqûre n’est pas anodine. 

La tique est vectrice de maladies potentiellement graves comme l’encéphalite à tique (quelques rares cas en France) ou la maladie de Lyme (68 000 cas en 2018 selon Santé Publique France). En l’absence de traitement antibiotique, cette dernière peut provoquer des atteintes cutanées, musculaires, neurologiques et articulaires très invalidantes.

En France, les meilleurs connaisseurs de la tique sont chercheurs à l’Institut national de recherche agronomique et environnemental (INRAE). Biologie, cycles de vie, génétique des populations, répartition territoriale, inventaire des espèces… Rien n’échappe aux cinq unités qui travaillent sur l’acarien.  

Une application de signalement

En 2017, pour bénéficier du meilleur relais qui soit – les citoyens – , Pascale Frey-Klett directrice de recherche à l’INRAE a lancé un programme de sciences participatives baptisé CiTIQUE .

Les personnes piquées envoient l’animal par la poste au laboratoire Tous chercheurs de Nancy. Il est ensuite classé, étiqueté et archivé. Ensemble, ils ont permis de créer une « tiquothèque » de 20 000 spécimens dans laquelle les chercheurs peuvent « piocher » pour mener leurs projets de recherches. Et il n’est pas rare de découvrir de nouvelles espèces sur le territoire.

En parallèle, une application a été développée. Elle permet de signaler les piqûres via son smartphone ou son ordinateur. À partir d’aujourd’hui, la nouvelle version plus ergonomique, plus précise, doit permettre d’enrichir la collecte de données et d’établir une carte des risques suivant les régions.

Un tiers des piqûres a lieu dans les jardins, y compris en ville

Une autre découverte, confirmée par les deux mois de confinement, c’est qu’il n’est pas rare d’être piqué chez soi, dans son propre jardin : « 31% des piqûres surviennent dans les jardins privés ou les parcs publics » précise Pascale Frey-Klett contre 49% en forêt. Les citadins ne sont donc pas à l’abri, contrairement à une idée reçue.

Le cycle de la tique dépend largement des conditions climatiques. Les parasites ayant tendance à préférer une chaleur humide, c’est pourquoi les piqûres sont plus nombreuses au printemps et à l’automne, « mais on peut être piqué en toutes saisons ».

Depuis 2017, le programme CiTique a enregistré 17 730 signalements de piqûres sur l’homme et 5 800 chez l’animal. 

Dans sa nouvelle version, l’application comporte plus de fonctionnalités, ce qui va faciliter le signalement pour les citoyens. En juillet, il sera même possible, au retour d’une promenade, de signaler qu’on n’a pas été piqué. « Ainsi, on espère affiner le risque en temps réel , sur un même territoire, et être en mesure de voir émerger un pathogène » explique Pascale Frey-Klett.

À l’heure où les pathogènes émergeant comme le SARS-COV2 montrent combien l’homme est démuni face à ces transmissions animal/homme, la prévention contre les tiques n’a pas encore débouché sur un vaccin. Mais des recherches sont en cours. Certaines centrées sur le génome, avec l’idée de mettre au point de nouveaux acaricides.

Un article inspiré de celui-ci, publié sur France Inter.